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La Ruche de Lugaxelm

La Ruche de Lugaxelm

Apiculteur en ruche Warré. www.facebook.com/laruche.delugaxem www.facebook.com/labeille.marcquoise


Salon de l'agriculture: le revers de la médaille !

Publié par Lugaxelm sur 22 Février 2014, 21:16pm

Catégories : #Articles de Presse, #Défense des Abeilles

La Ruche de Lugaxelm vous conseille ce très bon article d' Anais Fourest

Chargée de campagne agriculture à Greenpeace France

Chaque année, on nous présente une belle vitrine à la Porte de Versailles, avec des vaches qui respirent la santé, de beaux végétaux brillants et tous de la même taille, des produits tous plus typiques d'un terroir les uns que les autres... On nous donne à voir une agriculture saine, reluisante, bien rangée, et si possible connectée avec des paysans "modernes" parce qu'ils utilisent matériel téléguidé par GPS et autres drones. L'envers du décor est bien loin de cette réalité, quand les abeilles sont décimées, que les pesticides sont soit-disant aussi indispensables que la terre dans laquelle on cultive, que les OGM menacent.
En fait, il y a un modèle productiviste, essentiellement basé sur le rendement à tout prix, qui s'est imposé depuis les années 50 pour nourrir à "bas prix".

Cette agriculture est aujourd'hui à bout de souffle, on le voit par exemple avec les rendements qui plafonnent malgré l'utilisation intensive de pesticides et engrais chimiques. Par exemple, un champ de blé reçoit en moyenne 6 traitements aux pesticides, pudiquement renommés 'produits phytosanitaires' ou même de protection des plantes, entre fongicides, désherbants, régulateurs de croissance, insecticides, selon le Ministère de l'agriculture. Tout le monde se rend compte que l'utilisation de ces pesticides est un problème, y compris le gouvernement qui avait fixé un plan pour réduire de 50% l'usage des pesticides d'ici 2018 dans nos champs, mais qui s'avère à la fois incapable de le suivre, et tout aussi en mal d'évaluer où nous en sommes de façon concrète. Cette agriculture, accro aux pesticides, est aussi soumise à la menace des OGM.

Ce modèle d'agriculture toxique est dépassé: dans un monde régi par la course à la quantité, on n'arrive plus à produire plus. Elle pollue l'eau, épuise les sols: elle va droit dans le mur. Et si on y intègre tous les coûts de dépollution induits, qui ne sont certes pas inclus dans le prix de vente au consommateur, mais bien, partiellement, dans les impôts payés par le contribuable, l'agriculture toxique n'est pas moins chère que l'agriculture écologique. Il nous faut engager une nécessaire métamorphose: la modernité, face à ce modèle productiviste à bout de souffle, c'est bien de maximiser les services rendus par la nature, d'utiliser des techniques agronomiques adaptées aux terroirs et les savoirs-faires des paysans. L'agriculture écologique est basée sur des principes agronomiques scientifiques, développés pour apporter de nouvelles solutions et de nouvelles techniques pour pouvoir être le plus efficace et le plus productif avec les moyens que chaque environnement, chaque territoire offre, et le moins d'intervention extérieure possible. Elle repose donc sur une connaissance et une compréhension très fine des écosystèmes, et nécessite beaucoup de recherche et développement.

 

 

M. Le Foll clame que l'avenir de l'agriculture, c'est l'agro-écologie, il faut alors être beaucoup plus ambitieux et donner les moyens aux agriculteurs de produire sans pesticides et sans OGM. Cela passe par des décisions politiques, mais cela passe aussi par des choix de consommation. Les entreprises agro-alimentaires ont aussi leur rôle à jouer, et nous les avons interrogées sur leurs usages des OGM et des pesticides les plus toxiques pour les abeilles dans la fabrication de leurs produits. D'abord, une moitié des marques seulement sur les 150 interrogées nous ont répondu. Les autres auraient-elles quelque chose à cacher? Ensuite, pour les marques qui ont répondu, le résultat est inquiétant: 57% d'entre elles ne peuvent garantir l'absence d'utilisation d'OGM ou des pesticides les plus toxiques pour les abeilles. Vous voulez que ça change?

Demandez-leur de faire évoluer leurs pratiques ici : www.greenpeace.fr/guetteur

 

4 chiffres clés sur l'agriculture

  • La France est le 1er consommateur de pesticides en Europe, et le 4e au monde! Les résidus se retrouvent dans l'environnement, mais aussi dans notre alimentation: la contamination des aliments reste à un haut niveau, avec 65% des fruits et 39% des légumes contenant des résidus en moyenne en Europe selon le plan de surveillance de l'EFSA. Le pain complet non bio concentre beaucoup plus de pesticides que le pain blanc, puisque les enveloppes des graines, qui retiennent la majorité des résidus de pesticides, y reste intégrés.
  • 2/3 du coût de production du blé est dû à la mécanisation et aux intrants, notamment pesticides. Ce coût de production est en constante augmentation: 172 euros par tonne en 2006 jusqu'à 217 euros par tonne en 2011. Et l'usage des pesticides est encore en augmentation!
  • 1,5% seulement de la filière blé est bio, parce qu'on ne donne pas les moyens à cette filière de se développer, alors que plus d'un quart de la population française souhaite consommer bio.
  • 75% de nos cultures dépendent de la pollinisation par les abeilles. Il y a 7 pesticides tueurs d'abeilles à interdire en priorité, parmi les néonicotinoïdes.

 

Anais Fourest

Chargée de campagne agriculture à Greenpeace France

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